Sœur Virginie BITSHANDA, fdls
À Kisangani, République Démocratique du Congo, existe une association de femmes appelée «Les mamans Hekima». En langue swahili, l'expression, «Les mamans Hekima» signifie: « Les femmes de sagesse». Ce nom veut dire le lien existant entre l'Association et la Congrégation qui les accompagne: les Filles de la Sagesse. L'objectif général de ce regroupement est de soutenir les femmes dans leur combat pour la vie de leur famille.
Devenir autonomes financièrement et au-delà des différences
Notons que les femmes au Congo sont les facteurs-clé de la vie des familles. Elles doivent travailler durement afin d’assurer la survie de leur foyer : alimentation, scolarisation, soins médicaux de leurs enfants.
Engagée avec les Filles de la Sagesse, chaque «maman Hekima» se retrouve dans un petit groupe de cinq ou six selon ses attraits pour les activités. Toutes ces femmes bénéficient d'un accompagnement à plusieurs niveaux. Diverses formations leur sont offertes dont l’impact est déjà visible. Les participantes sont pleines de créativité et d'initiative. Elles sont parvenues à collaborer entre elles, au-delà de leurs différences ethniques et religieuses et à chercher la paix en cas de difficultés relationnelles.
Une initiative parmi tant d'autres : cultiver les champs
Plusieurs petits groupes achetaient du manioc pour fabriquer de la farine de manioc ou des chikwangues*. Quand le manioc est devenu rare, un autre petit groupe s’est chargé de cultiver les champs de maniocs pour en fournir à celles qui fabriquent la chikwangu*. N'est-ce pas génial ! *
Un projet appelé à grandir
Nous recevons plusieurs appels de femmes qui s'organisent en groupes et sollicitent le même encadrement que les «mamans Hekima». C'est ainsi que notre mission auprès des femmes grandit peu à peu et nous éprouvons beaucoup de joie à voir des femmes se libérer...
A mesure que cette organisation s'élargit, ses divers besoins grandissent aussi.
Nous faisons donc appel à la générosité de ceux et celles qui veulent promouvoir le développement de notre pays.
Pourquoi ne pas favoriser le développement des femmes en RDC ?
Virginie BITSHANDA, Fille de la Sagesse (FdlS)
«Un projet d’association des mamans, Association MAMA HEKIMA (« mamans de sagesse » en swahili) a vu le jour à Kisangani, RDC, avec les sœurs de la communauté de formation. L’association vise à réunir les femmes «simples» de Kisangani en vue de les aider à s’organiser pour une autosuffisance financière.
Un beau projet qui se situe bien dans la ligne de l’orientation régionale : « Rejoindre les mamans pour les soutenir dans leur lutte pour la prise en charge des enfants et de toute la famille ».
Ce projet est bien vivant maintenant.
Nous avons d’abord recruté les femmes, sans exclusion.
Parmi ces femmes, il y avait des catholiques, d’autres, musulmanes, d’autres, témoins de Jéhovah, d’autres protestantes, d’autres encore de l’église du réveil.
N'étant pas d'accord avec ce recrutement, le groupe a d’abord réclamé d’être subdivisé d'après la confession religieuse. Pour ces femmes, ce n'était pas possible de travailler ensemble avec autant de différences religieuses.
Les préjugés d’une catégorie à l’autre étaient très forts. Cela n'était pas étonnant pour nous, car en écoutant les « prédications » qui passent sur des chaînes des télévisions, nous entendions bien combien tous ces « messages » porteurs de critiques négatives, incitent à la division, à l'hostilité, à la violence.
Ce sont surtout les femmes qui sont exploitées dans ce sens à cause de leur fanatisme religieux.
Connaissant les réalités culturelles en place, et tenant compte des mentalités du milieu, nous avons puisé dans des expériences antérieures, d'accompagnement des groupes. Nous nous sommes servies des outils de la formation reçue à l'IFHIM* pour accompagner ces groupes de femmes.
Il y a un proverbe swahili qui dit :
« Kwakuguakwenyenyumbakunavuyainafaakuishindani ». Cela signifie : «C’est de plus près qu’on voit mieux la réalité».
Nous avons ainsi mieux perçu les conditions révoltantes que la société impose à ces femmes. En les fréquentant de plus près, cela nous a aussi permis de témoigner et confirmer que les forces (capacités, habiletés, courage, qualités, amour ...) de ces femmes, sont impressionnantes et porteuses d'espoir.
Ces femmes étonnent les gens qui leur demandent: « Comment avec ce mélange de confessions religieuses, arrivez- vous à vous mettre ensemble et collaborer ? »
Elles initient des activités comme sources des revenus en mettant ensemble leurs qualités, capacités, talents, compétences. Elles ont construit petit à petit la paix entre elles, en décidant de se regarder comme personne au-delà de la différence. Elles se visitent, se soutiennent et s'assistent en cas de problème et cela, dans le respect de la différence de leur foi religieuse.
Elles commencent à devenir multiplicatrices. Leur témoignage engage leurs enfants, leurs maris, leurs amis et entourage. D'autres femmes sollicitent de faire partie de l'association, pour être aussi encadrées et accompagnées.
Trois associations de ces femmes sont fonctionnelles à KABONDO, à SIMI-SIMI et à MANGOBO. Les femmes y font des activités manuelles qu’elles vendent par la suite : les chikwangu, (bâton de manioc), le fufu (la farine de manioc), le pain.
Quelle joie, quel encouragement pour ces femmes qui ne tarissent pas de remercier les sœurs et la congrégation, d'avoir pensé à elles. De notre côté, quelle joie aussi de les voir capable de profiter de cet accompagnement qui, petit à petit, les aide non seulement dans leur prise en charge financière, mais aussi dans la prise en charge de leur dignité de «Maman». Si elles étaient demeurées seules, chacune, jamais nous aurions su ce qu’elles pouvaient faire ensemble !
Tous ces effets positifs nous incitent à élargir progressivement notre mission auprès des femmes de notre région.